201 – Retour à Bogota

De Villa de Leyva à Bogota

  • 05/02/20  Villa de Leyva – Susa = 69 km / 4h30 / +930m
  • 06/02/20  … – Zipaquira = 79 km / 4h34 / +720m
  • 07/02/20  Zipaquira
  • 08/02/20  … – Bogota = 50 km / 2h10 / +100m
  • 09 & 10  Bogota et retour en France

Alors, commençons par répondre aux quelques questions de followers qu’on a reçu suite à l’article précédent :

  • Qu’ais-je fait des petits sacs remplis de vomi ? Non, je ne les ai pas gardé en main jusqu’à l’arrivée, priant pour qu’ils tiennent le coup. Il y avait des poubelles dans la travée du bus. Je pense que vomir sur cette ligne est très très habituel.
  • Comment vous avez fait pour pas faire pipi/popo pendant 10h ? Pour Ophélie, c’est simple puisque tout est sorti de l’autre côté. Pour moi, je me suis retenu de pisser pendant des plombes jusqu’à ce que je me rende compte les toilettes au fond étaient bien utilisables, en fait
  • Fred, je pourrais renifler un de tes caleçons sales ? (je tairais le nom de cette personne à l’origine de cette question, ça serait gênant pour Béa)-  Oui
  • Pourquoi vous n’avez pas fait de selfie avec Geraint Thomas ? son vélo fait moins de 35 kg, je ne peux pas le respecter
  • Comment faites-vous pour être tellement bogosses ? Nan mais j’en ai vraiment marre de cette question, faut arrêter là
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Enfin un Gremlins !!!

  • 05/02/20  Villa de Leyva – Susa = 69 km / 4h30 / +930m
  • 06/02/20  … – Zipaquira = 79 km / 4h34 / +720m
  • 07/02/20  Zipaquira

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L’une des plus belle étape de notre périple colombien, ça ressemblait presque à la France avec ces petits champs, ces vaches et une route très calme. On est dans notre routine : crème solaire dès 8h, pause jus d’orange vers 10h, petit repas vers 11h.

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On arrive rapidement à notre étape Chinquingira, mais il est tôt, on est en forme et la ville est trop grande, alors on rajoute 25 km pour Susa, un petit bled façon Far West comme on aime. Une seule hospedaje, pas cher, fenêtre donnant sur un couloir, couverture polaire avec un gros tigre, comme au Pérou, draps qu’il ne faut pas regarder de trop prêt, comme au Pérou.

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Une petite bière, une deuxième et des empenadas pour finir cette belle journée.

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Le lendemain, sur les vélos dès 7h15, il fait 4°C. On ne pensait pas qu’il pouvait faire si froid et je l’ai bien senti en short et sandale pendant 1h, le temps que le soleil réchauffe tout ça. La route est superbe, montagne à droite et lac de Fuquene à gauche.P1050535 Ça rappelle vaguement le lac Titicaca et on pense à nos collègues Danny et Fred qui le longent en ce moment même. Les veinards, ils vont découvrir Juliaca et la route des couches-culottes.P1050543

Au bout de 40 km, on sait que ça va commencer à grimper et on fait notre pause jus d’orange – empenadas – truc inconnu – bananes et café. Le taux de giclette est proche du maximum, lucidité optimale.

Et il valait mieux vu ce qu’on bouffe ensuite. La montée en elle-même est chouettos, 10 km pour passer de 2550 à 3072m, petite route dans la montagne, temps frais. Le problème vient des camions, par centaine. Ils nous doublent à faible vitesse par convois, on s’en tape 5 à 10 d’un coup et ils passent près vu que la route est étroite et sans l’habituel dégagement. Ophélie doit se mettre dans le fossé par 2 fois. C’est assez stimulant même si Ophélie préféra certainement le terme de stressant. P1050565On sent le souffle brûlant des pots d’échappement, on met parfois le t-shirt sur le nez pour filtrer un peu, toujours plus sympa de renifler du mouton mouillé que du diesel brûlé. Et qu’en y’a personne sur notre voie, faut surveiller ce qui arrive en face. Les colombiens conduisent plutôt cool, pas très vite, mais faut toujours qu’ils doublent coûte que coûte, malgré le manque de visibilité, les lignes jaunes continues, ou le gringo en Azub venant en face.P1050568

On finit par atteindre le col, il n’a même pas de nom, ni de panneau. Et en plus c’est moche en haut, y’a 2 mines de charbons et un gros bordel de camions. On l’appellera donc le col du cancer du poumon.P1050571 On se rince le gosier avec du coca, Ophélie a plein de particules noires collées à la crème solaire, ça donne une idée de ce qu’on a dû avaler, les bronches bien dilatées par l’effort et l’altitude.P1050573

Dans la descente, on double ces saletés de camion et arrivons très vite à Zipaquira, joli petite ville au nord de Bogota, ville natale d’Igan Bernal.

A l’hôtel, on rencontre un groupe de cyclos franco-ricains, hyper stylés avec des beaux Surly en mode bikepacking, des barbes et des chemises à carreau. Ils partent pédaler une semaine dans le paramo en empruntant des pistes, c’est peut-être bien une bonne idée.P1050619

On reste le lendemain pour visiter la cathédrale de sel, le site le plus visité de Colombie, bêêêêêê, élue Merveille n°1 du pays. On y va pour l’ouverture histoire d’être tranquille. Comme on ne veut pas attendre une heure pour avoir un guide anglophone, on part avec un groupe guidée en espagnol. D’habitude, je comprends à peu près, dans les grandes lignes, mais cette guide récite son truc comme une machine, à toute allure. Je lâche l’affaire. En plus ça parle de Jésus et d’un chemin de croix, ça ne m’intéresse pas du tout. Reste que c’est joli et que les volumes sont vraiment impressionnants. A l’origine,ce site est une étonnante mine de sel qui, par le hasard des mouvements tectoniques et de l’érosion, s’est retrouvée dans une montagne à 2500m d’altitude.

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L’après-midi, notre hôtel est envahi par un groupe d’une centaine de cyclistes de Medellin, matos de fou, voitures balais et même une équipe qui nettoie et entretient les les vélos. J’aurais dû planquer les nôtres au milieu des bécanes à 6000 € mais ils se seraient sûrement douter de quelque-chose, surtout au moment de les soulever d’essayer de les soulever.

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Zipaquira

  • 08/02/20  … – Bogota = 50 km / 2h10 / +100m
  • 09 & 10  Bogota et retour en France

Les cyclos de Medellin se sont levés à 5h – on les a bien entendu – pour rejoindre Villa De Leyva dans la journée, les 150 km qu’on a fait en 2 étapes. Ils se tapent le col du cancer des poumons en échauffement, c’est rude. Quoique s’ils grimpent à 12 km/h, ils iront aussi vite que les camions. De notre côté, c’est à l’opposé qu’on va, plein sud, ultime étape pour rejoindre Bogota. Tout plat et vent dans le dos, ça fuse à plus de 25 de moyenne.

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Plus on s’approche du centre, plus le trafic s’intensifie et plus ça devient « stimulant ». Quelques bas du front en SUV nous mettent la pression en klaxonnant et en nous frôlant et, pour la première fois du voyage, je leur montre mon doigt le plus long. Je pensais pas que ça arriverait dans ce pays, plutôt très respectueux envers les cyclistes. Mais là, il fallait vraiment que j’exprime mon désaccord, à défaut d’avoir un lance-grenade.

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On arrive très vite à notre hôtel ou Beatrice nous accueille avec un hug à l’américaine, un acte courageux avec nos T-shirt « cuvée 3 jours ». Ayé, fin du périple, un peu plus de 1300 km et 17000m de D+ en 24 étapes. C’est moins que d’habitude, la faute à cette chaleur de fou au début et probablement à l’absence de bivouac qui nous a fait voyager autrement, loin de nos repères. Le but n’est jamais de faire un max de kilomètres mais c’est généralement bon signe quand ça défile.

Après un repas (pollo…) arrosé de sangria et une bonne sieste, on s’attelle à l’emballage des vélos. C’est beaucoup plus rapide que le déballage et tout est prêt en 1h30.

On passe la journée du lendemain à marcher dans Bogota. C’est dimanche et quelques grands axes sont fermés à la circulation au profit des vélos. C’est génial, on croise des cyclistes par millier, on dirait une vélorution. Les gens se baladent tranquillement dans un plaisir simple de pédaler, sans bus, ni voitures. Ça change complètement le visage de la ville, tout est plus beau. Ah, des villes sans voitures, ça fait rêver. Imaginez Paris avec seulement des vélos et des transports en commun, un air plus respirable, beaucoup moins de bruit, pas de bouchons, des gens plus cool, en meilleur santé. M’enfin, avant ça, faudrait juste sortir du capitalisme, une broutille.

Les rues sont pleines de monde dans le quartier de la Candelaria, on traverse une grande brocante avec plein de chouettes trucs sur lesquels on aurait craqué en France. Mais prendre l’avion avec une commode, même petite, n’est pas raisonnable. Ensuite, dans la rue, des tas de gens vendent des objets à même le sol, ici des lacets, là des pipes à cracks, des vieux vêtements, des livres, des objets fait avec des billets de banque vénézueliens, des pièces de vélo, des outils, des posters de Dragon Ball, des paniers à linge, des chaussettes… entre tout ça, il y a les vendeurs de bouffes ambulants : jus de fruit, fruits frais, hot-dogs, maïs grillé, tacos, glaces… Ça fait baver mais je vous rassure, à part les tacos mexicains et les fruits, y’a rien de terrible. Pourtant je suis bon client.

On se repose un peu après une très ennuyeuse visite du musée de l’or, heureusement l’entrée était gratuite. On regarde les nombreux skateurs sur la place Santander, ils sont bons, c’est beau le skate, c’est noble. Ça sent fort la marie-jeanne, des mecs fument des joints gros comme des cigares. Une vendeur de bonbon me propose discrètement de la cocaïne. Mais quelle bonne idée ! Je ne savais pas quoi ramener à mes parents ! J’avais pensé à un magnet mais pourquoi pas quelques grammes de coke mal coupée planqués dans le cucul ?

  • Papa, Maman, j’ai une surprise pour vous !
  • Ô comme c’est gentil ! T’es vraiment notre fils préféré ! Alors, c’est quoi ?
  • Bougez pas, j’vais aux toilettes !

 

Le dernier jour n’est pas encore arrivé mais je vais déjà vous le raconter, comme ça c’est fait, on n’en parle plus.

Je retourne me balader dans Bogota et grimper au Monserrato à pied, à 3150m, si c’est ouvert, ça je peux pas encore le dire. En chemin, je croise Egan Bernal et on fait la course dans les marches, on se marre bien même s’il me ralentit pas mal. Lui aussi me propose de la cocaïne. Ophélie reste peinarde à l’hôtel parce qu’elle a mal au bide et qu’elle commence déjà à stresser pour le taxi, les vélos, l’avion, la tempête Ciara et le coronavirus. Vers 16h, un taxi vient nous prendre , le mec nous dit qu’on est très beaux et musclés, merci. On doit poireauter jusqu’à 23h30 dans le terminal mais Julian Alaphilippe nous reconnaît et nous invite au salon VIP pour un massage et une fondue savoyarde. Ophélie vomi sur une hôtesse en entrant dans l’avion, l’équipage trouve ça si mignon qu’ils nous installent en 1ere classe, champagne à volonté. Le pilote ayant suivi le blog, il m’invite à prendre les commandes de l’avion, pas longtemps, juste le temps d’un looping, après on se fait un Fifa 18 dans la cabine. Vous saviez vous qu’ils ont des PS4 ? C’est entre l’altimètre et un autre machin-mètre.

Au débarquement, nos cartons arrivent défoncés, les vélos en miette. Des hôtesses accourent seins nus pour s’excuser, avec des croissants chauds. Les vélos nous seront remboursés au poids, on a de quoi s’acheter le Togo. Julian, qui ne nous lâche plus ce gros relou, nous promet de nous envoyer 2 vélos tout carbone. Je lui dit qu’il est gentil mais que j’en veux pas de ses bouses en plastoc, pourquoi pas des Nazcas bordel ? Là il rigole fort, plié en 2 « ah ah des Nazcas, excellent, elle est bonne celle-là ». On finit par se mettre d’accord sur 2 Wolf & Wolf en titane, option Rohloff.

Mon père est venu nous chercher, il nous apprend que Macron a démissionné suite à des révélations sur des relations charnelles qu’il aurait eu avec Castaner et Balladur. François Ruffin est désormais Président, les voitures sont déjà interdites dans Paris. Et les vacances au Fort de Brégançon, c’est fini nom d’une pipe ! Ça sera désormais au camping de Sainte-Mère-Eglise !

En arrivant, je vais aux toilettes et offre le cadeau à mes parents. Ma mère reconnaît qu’elle est mal coupée mais que ça passe bien avec un peu de meth. Ça la rend encore plus hyper-active que d’habitude et elle nous prépare des paupiettes, des endives au jambon, une purée-saucisse, des ribs et une mousse au chocolat, en plus de la raclette prévue depuis 1 mois.

Voilà voilà, rien de spécial.

 

Un p’tit bilan Colombie pour finir ? Ok, un p’tit bilan Colombie pour finir, allons-y.


P’tit bilan Colombie pour finir


 

Je trouvais ça sympa de mettre un gros titre pour ce p’tit bilan Colombie pour finir. Aller, c’est parti pour un p’tit bilan Colombie pour finir ! Let’s go ! Vamos !


P’tit bilan Colombie pour finir


 

Bilan mitigé, comme vous le savez. On aurait peut-être dû se renseigner un peu mieux avant d’y aller. Déjà, on n’aurait pas trimballé tout le matos de camping, le réchaud, les sacs de couchage, 500 g d’avoine, du beurre de cacahuète et les doudounes. Ensuite, on aurait zappé toute la partie au sud de Bogota, là ou même les colombiens savent pas comment d’autres colombiens peuvent supporter cette chaleur. On se serait concentré sur les montagnes au nord et à l’ouest de Bogota, comme on a fait sur les 3 dernières semaines, mais en plus étendu : temps plus frais et ambiance plus calme. Ceci dit, ça reste une expérience intéressante d’avoir goûté à cette Colombie surchauffée et surexcitée, au désert de Tatacoa et à cette piste pourrie dans les Andes.

C’est d’ailleurs sur cette piste qu’on a décidé d’écourter notre séjour en Colombie. Les plus observateurs auront remarqué qu’on rentre au bercail 2 semaines plus tôt que prévu. Voyant qu’on ne pouvait pas pratiquer le voyage qu’on aime et qu’on renonçait à aller mourir de chaud sur la côte Caraïbes, on s’est dit que 6 semaines suffirait, et on ne regrette pas.

Ensuite, de Popayan à Bogota, le voyage s’est bien mieux passé même si, pour nous, ce pays n’est pas propice au voyage à vélo. Vous la sentez venir ? Mais si mais si, vous la sentez venir ! La liste à puce !

  • C’est le pays du barbelé, y’en a partout. C’est pas rare d’en voir sur 5 rangées, parfois à hauteur d’homme. Les champs sont fermés, les entrées souvent cadenassées. Certes, nous aurions pu camper en demandant aux gens, ils nous auraient sûrement permis, mais c’est pas le bivouac qu’on aime. La nature n’est pas accessible.P1050636
  • Y’a trop de bagnoles/camions, ou pas assez de route, ce qui revient au même. Les moments ou on était seul sur la route à entendre les oiseaux gazouiller ont été très rare. Et c’est pas la faute des oiseaux.
  • Y’a du monde partout, ou presque. Tu t’arrêtes pour pisser, croyant être seul, mais y’a un gars qui bricole sa moto pas loin ou une nana qui vend des chips
  • Fait un poil chaud par endroit
  • Un petit climat d’insécurité, peut-être infondé, peut-être juste un ressenti ? Mais les nombreuses caméras de sécurité, la présence policière, les agents de sécurité, les grilles et les barbelés ne rendent pas complètement serein. A l’hôtel de Bogota, il faut sonner pour qu’on nous ouvre le portail, puis taper un code pour ouvrir une porte, puis passer une carte magnétique pour ouvrir une autre porte avant d’arriver à notre chambre, fermée à clef. Y’a que la cuvette des chiottes qu’est pas vérouillée.
  • C’est crade, les déchets sont omniprésents
  • beaucoup de misère dans les grandes villes
  • Y’a pas de beurre salé, c’est criminel
  • La bouffe n’est pas terrible, pas très variée. On ne va plus manger d’œuf ou de poulet avant un certain temps
  • L’indice UV fait flipper, cette image est parlanteGOME.uviecclimyear_lr

Mais voyons aussi les nombreux côté positifs. Pour cela, je vous propose une autre liste à puce :

  • C’est LE pays du vélo, on a jamais croisé autant de cyclistes
  • Il fait beau
  • Le pays a du cachet, une forte personnalité, des couleurs dingues, une grosse diversité, qu’elle soit sociale, climatique ou environnementale
  • Les colombiens sont sympas, pas stressés, naturels. Ils picolent peu et conduisent presque prudemment.
  • Y’a des hôtels partout, et 20 fois plus de resto. Idem pour les épiceries et les boulangeries. Bien pratique à vélo, jamais besoin de trimballer de la bouffe, y’a toujours un coin pour faire une pause sucrée ou salée, souvent les 2
  • Les jus d’orange et les limonades naturelles, une tuerie
  • Les avocats, les mangues, les ananas
  • Pfff, c’est trop dur de résumer un pays en quelques puces. Doit-on vraiment faire des p’tit bilan pour finir ?

Fin du P’tit bilan Colombie pour finir


 

Bisous

Fred et Ophélie

200 – paramo – sur les routes du Tour

 

De Filandia à Villa de Leyva

  • 27/01  Filandia – Armenia = 40 km / 2h22 / +730m
  • Nuit dans le bus entre Armenia et Bogota
  • 28/01  Bogota – Sogamoso en bus = 4h, sans vomir
  • 29/01  … – Mongui = 21 km / 1h50 / +470m
  • 30 et 31/01  Mongui = randos et pizzas
  • 01/02  Mongui – Paipa = 46 km / 2h15 / +250m
  • 02/02  … – Tunja = 44 km / 2h38 / +580m
  • 03/02  … – Villa de Leyva = 40 km / 2h05 / +450m
  • 04/02  Villa de Leyva

200

Et ouais, 200. Là vous vous dites peut-être qu’on a claqué un 200 km record mais c’est que vous n’avez pas bien lu tout le détail lourdingue juste au-dessus bande de feignasses. Donc, non, pas de record, il aurait fallu trouver 200 km de plat vent dans le dos sans soleil avec coca tout les 30 km et une grosse grosse carotte à l’arrivée, du genre un cassoulet ou un aligot.

200

C’est un petit clin d’œil au magazine de vélo que j’aime bien lire de temps en temps, après Pif Gadget. Je vais leur faire un p’tit mail pour leur dire tiens. Si avec ça ils nous offrent pas 2 gravels en titane ou une tenue Rapha (c’est le même prix), je comprends pas.

Mais ce 200, c’est pour LE 200eme ARTICLE DE CE BLOG !! Truc de ouf !! 200 articles qui parlent de nos p’tites gueules à vélo (ou en bus) sur environ 940 jours de voyages et un peu plus de 40 000 km. Le jour ou on voudra imprimer le blog, ça va faire cher en papier et les yeux vont saigner très forts pour corriger les quelques petites fautes d’orthographe.

Donc bonne bon anniversaire le blog et c’est parti pour ce 200eme, avant-dernier récit des Pieds en Colombie.

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  • 27/01  Filandia – Armenia = 40 km / 2h22 / +730m
  • Nuit dans le bus entre Armenia et Bogota

Il a plu toute la nuit mais c’est sous un beau soleil qu’on démarre. Oui, pour ce 200, je reste dans le classique : point météo, dénivelé, miam-miam, pourcentage de pente, animaux crevés, vomi. J’aurais aimé faire un truc poétique mais faut rester fidèle à l’œuvre originale. Au même titre que dans la Bible, y’a pas de scène de cul.

Sur cette courte étape, on se tape un Best-of et un Worst-of Colombie. Au début, c’est super descente sur une petite route très calme. Vue sur les montagnes, petites fermes, bananiers, caféiers, champs d’ananas, des vaches. Tout est kikinou. On se dit qu’on va se faire une pause dans un des 2 bleds qu’on va traverser mais le Worst-of commence. On retrouve un trafic intense, des villes pourraves pleines de monde et des chiens qui nous aboient dessus, le tout sous un soleil qui tape très fort, indice UV maximum, tartinage de crème solaire sur les quelques centimètres carrés de peau non couverts.P1040894

On roule 20 km en milieu urbain, les 12 derniers dans une côte interminable pour accéder au terminal de bus d’Armenia. Il est 12h30, le bus part à 21h30, on s’est gardé une petite marge de sécurité. M’enfin, c’est surtout qu’on n’a pas trouvé un seul coin peinard en route pour se poser dans l’herbe, bouquiner et faire la sieste, histoire de temporiser.P1040898

Mais l’après-midi passe vite, entre une mission bureau de poste en ville pour moi, miam-miam et bouquinage intense (La Terre Sauvage de Julia Verlanger, excellentissime).

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le bandeja paisa, 2 repas en 1, pas la meilleure idée avant de prendre un bus…

Le bus arrive, Ophélie stresse comme d’hab mais les soutes sont vides et on aurait pu glisser 6 vélos comme les nôtres -soit une demi-tonne tout de même. On a les places de devant, les meilleures d’habitudes, mais là c’est vue sur une vitre noire, dommage.P1040908 Le trajet est censé durer 7 heures mais on mettra plus de 10h pour faire ces foutus 275 km, une horreur. Virages permanents, Ophélie gerbe au bout d’une heure et recommencera 4 fois jusqu’à ce qu’elle soit totalement vidangée. J’avais une réserve de petits sacs, elle tendait un sac plein bien ficelé en échange d’un neuf. Elle passe tout le voyage pliée en 2, s’endormant même comme ça. Heureusement qu’elle fait des petits vomitos tout rikikis, ça serait du geyser façon Fred, ça aurait été un carnage avec ces petits sacs. De mon côté, c’est pas la joie même si je suis peu sensible d’ordinaire. Mais je pense aux petits sacs et je respire bien profond par le nez. On dort donc très peu, le bus ne s’est jamais arrêté, pas de pauses, pas de changement de conducteur. C’est plus long que pour faire Paris-Bogota en avion mais ça a ce petit piquant d’aventure, celui qui fait qu’on s’en souviendra.P1040910

On arrive vers 8h15 à Bogota dans un immense terminal. A 9h, on est déjà dans un autre bus pour notre destination, vers le nord. C’est génial ce réseau de bus, on peut aller partout, tout le temps, pour pas cher, même avec des gros vélos. Cette fois la route est droite et les p’tits sacs restent au chaud dans la poche. Ophélie dort tout le long, on arrive à 13h à Sagamosa et faisons à peine 10 mètres pour trouver un hôtel. La douche fait du bien et le lavage de dent rend Ophélie fréquentable.

On sort en quête de miam-miam, grosse dalle vu qu’on n’a pas fait de vrai repas depuis 24h. Voyons voir : pollo, pollo asado, pollo broaster, chicken, crispy chicken, arroz con pollo. Ces poulets, ils doivent sortir de belles grosses usines, c’est pas possible. Et je pense qu’ils doivent être considérés comme un légume dans toute l’Amérique du sud. Coup de bol, on tombe finalement sur un resto chinois et on défonce gaiement un énorme plat de nouille chop suey, au poulet, évidemment. Il en reste même assez pour mon p’tit déj du lendemain. On comate toute l’après-midi et dormons comme des bébés dans notre chambre qui sent le nuggets trop cuit, l’hôtel étant collé à un resto.

  • 29/01  … – Mongui = 21 km / 1h50 / +470m
  • 30 et 31/01  Mongui = randos et pizzas

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Départ en forme le lendemain, on sort de cette petite ville agréable en compagnie de plein d’autres cyclistes et des camions poubelles. Ces derniers sont précédés de pauvres bougres avec des carrioles récupérant cartons, bouteilles et canettes. La mamie doit avoir au moins 70 ans, c’est rude. Ce pays a des disparités énormes, du très riche en SUV bling-bling et du miséreux total, souvent dans les mêmes villes. Le fameux « ruissellement » à la Macron n’a pas l’air de bien fonctionner ici non plus, pas croyab’.

Ça roule tranquillement jusqu’au début de la côte et ses 6 km à 6% de moyenne. Route tranquille, beau décor, j’aurais aimé que ça dure 3 fois plus longtemps. J’en fais part à Ophélie qui entre 2 quintes de toux arrive à répondre « bah pas moi ». P1040917On atteint 2950m et arrivons à Mongui, notre village préféré de Colombie, le seul endroit calme et frais du pays, ça y est, on l’a trouvé !!! P1040920On passe dans l’agence de voyage réserver une rando dans le paramo et filons au… camping !! Je vous ai dit qu’il était chouette ce bled. On se souvient encore comment se monte la tente, et c’est même plus rapide que de monter les sacoches dans une chambre. Bon, on a tout de même les grosses boulasses quand il se met à pleuvoir et qu’on reste comme 2 pouilleux à l’accueil de l’hôtel/camping. Pas de bol. Nuit au frais, 7°C sous la tente, un régal.

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Le lendemain, c’est parti pour une grosse rando dans le paramo.

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Attention, instant culture (copié-collé) : Le paramo (de l’espagnol páramo : plateau, lande) est un biotope néotropical d’altitude, qu’on trouve dans la Cordillère des Andes, entre la limite des forêts et les neiges éternelles. L’isolement et la fragmentation du paramo sur les hauts plateaux andins favorise un haute spéciation et un endémisme exceptionnellement élevé. L’écosystème abrite environ 5000 espèces de plantes différentes. Environ 60 % de ces espèces sont endémiques, adaptées aux conditions physico-chimiques et climatiques spécifiques, telles que la faible pression atmosphérique, l’intense rayonnement ultra-violet, et les effets desséchants du vent.

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Bref, ça grimpe bien et on atteint 3950m dans des paysages sauvages avec cette lumière propre à la haute altitude. Dans notre petit groupe, il y a Sam, un monstre ricain, ce qu’on appelle un Thru-Hiker, un randonneur longue distance. Il y a 3 ans, il a fait le Pacific Crest Trail d’une traite, 4200 km en 6 mois, en autonomie , du Mexique au Canada via la Sierra Nevada et la chaîne des Cascades. Mais, ça, c’était juste un échauffement puisqu’il vient de boucler un truc encore plus dur : Le Continental Divide Trail, 5000 km sur la ligne de partage des eaux des Rocheuses. C’est presque du survivalisme ce truc, par endroit, il a dû enterrer, avant son départ, des réserves de flotte. Le mec nous tue quand il nous dit qu’il a 77 ans…P1040966

Dans le groupe, il y a aussi Richard, un français avec qui le courant passe bien bien bien, le mec a baroudé partout, avec notamment 5 ans passés en mer. On papote et il s’avère qu’il a croisé nos amis Alice et Benoît sur la carretera australe, le monde est petit. Il a suivi leur blog et a donc déjà vu nos gueules de bogosse à l’époque légendaire des « 4 Azubs sur la Pamir ».

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Superbe journée dans le paramo.

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On décide de rester une journée de plus à Mongui et profiter de la quiétude du lieu et de la pizzeria avec nos nouveaux amis-pour-la-vie Richard et Sylvie. En plus ils sont de Millau, et Millau = Aligot. On grimpe le long d’une rivière pour arriver à une piscine naturelle. Je me baigne par principe et parce que ça fait du bien aux jambes, l’eau est à peine à 12°C, à vu de kikounette atrophiée.

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On passe la dernière nuit dans une chambre histoire de ne pas avoir à replier une tente mouillée et parce que la chambre est trop belle et, oui, parce qu’on est des gros bourgeois du voyage maintenant.

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On quitte Mongui presque à regret, vraiment une ville différente et originale. C’est la capitale de la fabrication de ballon de foot, ils y a 32 ateliers dans cette bourgade de montagne de 8000 habitants. Ils ont des commandes de la FIFA et exportent dans le monde entier.

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  • 01/02  Mongui – Paipa = 46 km / 2h15 / +250m
  • 02/02  … – Tunja = 44 km / 2h38 / +580m

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2 courtes étapes sur les routes du Tour de Colombie qui démarre le 11 février. Pas cons les gars, ils rouleront dans le coin le plus frais du pays. On croise encore des centaines de cyclistes et vu comment ça roule, y’a du pro en reconnaissance. Ophélie aperçoit l’équipe Ineos de l’autre côté de la 4 voies, moi j’étais concentré sur ma moyenne, rien vu. M’enfin, paraît qu’elle aurait entendu Geraint Thomas et Egan Bernal discuter :

  • T’as vu la nana en face avec son vélo ?
  • C’était un vélo ? On aurait dit un tank. Mouarf, les gens roulent vraiment avec n’importe quoi. L’autre coup, j’en ai vu sur des radiateurs en fonte, ils appelaient ça des Nazcacas.
  • C’est bizarre une nana toute seule comme ça, en Colombie. Remarque avec sa crème solaire, ses chaussettes de foot et ses sandales, elle risque pas grand chose
  • Non, j’ai cru voir passé son compagnon juste avant
  • T’es sûr ? Moi je n’ai vu qu’une sorte d’éclair suivi d’un souffle sentant bizarrement le mouton
  • Oui, je me souviens de cette odeur de mouton, étrange. M’enfin je sens n’importe quoi depuis que j’ai changé de stéroïde, ça te fait pas ça toi ?
  • M’en parle pas, j’ai perdu une couille hier, trop chelou.

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On arrive à Paipa et trouvons une posada toute mignonne. C’est comme un hôtel mais chez l’habitant. Ceci dit, la plupart des hôtels sont aussi chez l’habitant. Et il y a aussi les hospedajes qui proposent des chambres chez l’habitant. On part faire un tour à pied vers le lac pas loin. En route, un cycliste Ineos nous dépasse. Geraint Thomas !! Je suis presque sûr que c’était lui, ces gros mollets, c’est les siens. M’enfin vous me connaissez, je vois des yeux qui brillent dans la nuit, c’est forcément un puma (alors que ça pourrait être simplement un ours). On continue de marcher tout en surveillant derrière nous. Un peloton avec escorte arrive, bleu et blanc, la Quickstep !! Je guette et je reconnais ce petit bouc et crie « Hey Julian (Alaphilippe) ». Et là, l’inimaginable arrive, il… il… oh j’en remouille ma culotte rien que de l’écrire… il nous salue de la main en souriant ! Je deviens flaque, trop content d’avoir vu le Gicletteman du dernier tour de France.

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dîner habituel

Le lendemain, c’est dimanche et on voit déjà un paquet de cyclos bariolés en allant à la panaderia à 7h. Je suis tout excité, comme les clebards avec les roues de vélo.

P1050086Le trafic est calme ce matin et les paysages sympas sur cette route vallonnée. On arrive rapidement à Tunja, grosse ville en pente qui nous avait fait peur en la voyant de loin. Mais ça se passe en douceur avec juste un petit coup de chaud sur les 3 derniers kilomètres au milieu des bus et taxis.

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On pose les sacoches dans une posada/hotel/hospedaje, une douche et on file sur la place Bolivar. Un monde fou converge, un hélico tourne au-dessus, c’est la liesse. On découvre une place noire de monde et de cyclos car c’est l’arrivée du championnat national elite de Colombie ! On va vers les stands, des fois que les stars seraient accessibles. Une voiture Ineos passe devant nous, un cyclo au visage famélique assis à l’arrière : Egan Bernal, dernier vainqueur du Tour, et 2eme de la course en ligne de ce championnat Colombien puisqu’il montera sur le podium aux côté de l’autre star du pays Nairo Quintana, né ici même à Tunja et 2nd au contre-la-montre.

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  • 03/02  … – Villa de Leyva = 40 km / 2h05 / +450m
  • 04/02  Villa de Leyva

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Un petit col de bon matin pour s’échauffer, y’a rien de mieux, même si l’un des 2 membres des Panardos préférerait une grasse mat’ et un autre café. Je ne donne pas de nom, elle le prendrait mal. Paysages sauvages mais bien crades, comme très souvent. De loin, ça va mais de près, c’est des couches-culottes, des décharges sauvages et autres joyeusetés.P1050136

On descend ensuite dans une belle vallée, le climat et la végétation changent radicalement, c’est désormais semi-aride, nuits fraîches et temps sec.

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On atteint Villa de Leyva avant 10h30. C’est une ville très touristique, il y a des hôtels partout, le tout Bogota s’y rend lors des vacances scolaires ou le week-end. Heureusement pour nous, on est lundi, en période creuse, c’est presque désert, juste quelques gringos venant d’arriver en Colombie et qui vont vite comprendre leur douleur s’ils ne se mettent pas de crème solaire rapidement. Un coup de soleil ici, ça prend 5 minutes. La veille, Ophélie a laissé un bout de peau à découvert, pas longtemps, peut-être une heure, résultat : brûlure au second degrés.

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On traverse le centre historique avec ses rues blanches, les beaux balcons en bois, les bougainvilliers et cette belle voirie faite de grosses pierres polies par 5 siècles de passage, c’est joli mais ça secoue.

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La place centrale est la plus grande du pays avec ses 1,4 hectares. Alors vous vous demandez peut-être ce que ça représente 1,4 hectares, tout le monde n’est pas géographe. Pour cela, rien de plus simple, il vous suffit de venir dans notre camping qui fait presque exactement le double. Voilà voilà.

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On reste le lendemain pour… pas faire grand-chose finalement car tout est business dans ce bled. On se renseigne pour retourner crapahuter dans le paramo, 3 fois le prix de Mongui. On marche 2 km jusqu’à une maison construite en argile dans l’espoir de la visiter, le prix d’un repas pour 2. Bon pas grave, on va aller voir le lac 2 km plus loin : 3 € l’entrée et pas le droit de se baigner. Bah on prendra juste un coca, gracias. Ah, la privatisation de la nature, les barbelés, on adore.P1050361P1050357P1050468

Finalement, le mieux était cette grimpette de bon matin pour voir le levé de soleil sur la ville. M’enfin, ça n’a concerné qu’une seule personne, l’autre pionçant ferme. Là encore, je ne donnerai pas de nom, déjà qu’elle souffre de son coup de soleil.

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A très bientôt pour la suite, et fin.

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Un nouvel exemple de douche Claude François. Vous noterez le domino à nu, bien sûr, mais aussi le fil de pêche accroché au plafond. Sécurité maximale